Comment les nouveaux stades redynamisent les villes

Dix stades accueillent les 51 rencontres de l’Euro 2016 en France. Parmi eux, quatre ont été construits pour l’occasion à Lille, Lyon, Bordeaux et Nice. Mais une fois l’Euro terminé, comment ces nouveaux projets s’inscriront-ils concrètement dans le développement de leur ville ?

Depuis le vendredi 10 juin, le Championnat d’Europe de football électrise les foules en France. Outre l’engouement autour de l’événement, l’Euro 2016 a permis au pays de rattraper son retard dans la qualité de ses équipements sportifs. Le président de la République François Hollande avait d’ailleurs insisté sur ce point en 2014 : « L’Euro est une chance pour la France, pour nos clubs, pour nos territoires, une chance pour nos villes hôtes« .

Pour se préparer à l’événement et répondre aux normes imposées par l’UEFA (association organisatrice du tournoi), les collectivités locales et les clubs ont participé à la rénovation de cinq stades, ainsi qu’à la construction de quatre nouvelles enceintes (à Bordeaux, Lille, Lyon et Nice). Ces opérations, coûteuses et risquées pour l’État et les villes hôtes, ont demandé une réflexion intense sur l’image attractive envoyée sur le long terme aux touristes, ainsi que sur l’aménagement du territoire. Si vous habitez les villes concernées, ces aménagements vous impactent en effet directement dans votre quotidien. Quelles influences apportent ces nouveaux stades dans le dynamisme de ces villes ?

Des accélérateurs pour le développement d’un espace urbain

La réalisation des nouveaux stades s’appuie principalement sur trois expériences : le Stade de Wembley à Londres, le stade de Munich et le Stade de France à Saint-Denis. Ces trois enceintes se sont érigées chacune autour d’un projet centré sur la création d’un nouvel espace urbain moderne et unifié. Ces équipements, alors au cœur de friches industrielles, sont devenus en quelques années de vrais pôles économiques et offrent la perspective de nombreux (et nouveaux) emplois.

Cependant, ces nouveaux pôles d’activités nécessitent une réflexion urbanistique autour de l’accessibilité. Un stade en périphérie a en effet besoin d’infrastructures pour acheminer ses spectateurs. À Lyon, c’est la métropole qui a assumé le coût des travaux pour les accès en voiture et en transports en commun au Parc Olympique Lyonnais : ces coûts ont été estimés par le Grand Lyon à 200 millions d’euros. Outre les soirs de matchs, ces investissements dans le transport sont utiles dans la redynamisation du tissu urbain en renforçant notamment la liaison entre le centre-ville et le quartier du stade, et en facilitant les déplacements et l’accès à de nouvelles zones d’habitation.

Les nouvelles enceintes redynamisent aussi les villes car elles ont été pensées comme de véritables espaces multi-activités. À Lille par exemple, le Stade Pierre-Mauroy accueille des concerts et d’autres événements sportifs. Mais ce n’est pas tout. Autour du stade, c’est tout le site de la Borne de l’Espoir qui va continuer à être aménagé. Selon Eiffage, le programme de 18 800 m² comprend deux hôtels, une résidence service, un pôle santé, une dizaine de restaurants et des commerces de loisirs. Aux habitants du quartier, une plus grande diversité de services et d’offres culturelles.

Utilisez votre souris pour découvrir l’avant/après Stade Pierre-Mauroy en déplaçant la ligne blanche vers la gauche ou la droite :

Des vecteurs de notoriété dans le marketing territorial

Les stades sont des lieux d’attraction qui replacent la notion de vivre ensemble au cœur des préoccupations, d’autant plus avec l’Euro 2016. Cette compétition reste aussi une opportunité d’aménagement et de rayonnement à l’international pour les collectivités locales. Les quatre enceintes ont en effet un poids dans le marketing territorial très marqué.

Le nouveau stade de Bordeaux, par exemple, fait partie intégrante du projet de ville souhaitant revitaliser le quartier du lac et amplifier son statut de vitrine sportive (il existait déjà un vélodrome, des centres de voile et d’aviron, un golf, etc.). Même chose pour la métropole niçoise qui a lancé une vaste opération baptisée « Eco-vallée« . 450 hectares doivent être urbanisés pour faire rayonner la cinquième agglomération française en Europe et dans le monde. Le nouveau stade est un des piliers de ce projet, avec un soin particulier apporté à l’image véhiculée.

On remarque d’autant plus cette attention lorsque l’on étudie le travail architectural de ces quatre nouveaux stades. Signés par des spécialistes mondialement renommés, ils sont en effet des symboles d’excellence servant d’étendards à un territoire. À la pointe en termes constructifs, ces nouvelles enceintes sont utilisées par les collectivités locales pour faire évoluer l’identité et l’attractivité de leur ville. Elles sont un repère visible, fièrement communiqué par les collectivités et les supporters des Girondins de Bordeaux, de l’OGC Nice, du LOSC et de l’Olympique Lyonnais.

Les concepteurs et constructeurs ont enfin pris soin au respect du développement durable grâce à des technologies innovantes. Intégrant du bois et du métal, le nouveau stade de Nice tire par exemple plus de trois fois ses besoins énergétiques grâce à plus de 4 000 panneaux solaires. Les eaux pluviales sont également collectées et des installations géothermiques sont installées.

Cette attention particulière, effectuée pour le stade comme pour ses abords, répond aux nouvelles attentes environnementales individuelles et collectives. « L’économie verte » est alors le coup d’envoi de la mutation d’un quartier et du dynamisme de la ville dans toute son ampleur.